Questions de médecine

LE SUICIDE ASSISTÉ

Une réflexion aux confins de la Médecine, du droit et du spirituel


Le « suicide assisté » est une « aide apportée à une personne consciente qui demande à mourir ». Un médecin prescrit les substances létales que la personne s’administre elle-même. Cet acte remet en cause le respect de la vie et le rôle du médecin. Cette pratique aujourd’hui interdite en France, mérite d’être débattue dans le cadre de Questions de Médecine aux Bernardins.

La légalisation du Suicide Assisté constituerait une évolution fondamentale du droit et un changement sociétal sans précédent. Ceci trouble bon nombre de personnes, en particulier chez les Catholiques. Le Pape François, lors de l’audience générale du 9 février 2022 a rappelé avec force l’absolue nécessité du respect de la vie : « La vie est un droit, pas la mort, celle-ci doit être accueillie, non administrée ».

Cependant, le SA se distingue fondamentalement de l’euthanasie active et même de la sédation terminale (loi Clays-Leonetti) sur au moins deux aspects. La personne qui le demande est consciente et elle s’administre elle-même la « potion létale ». Dans son allocution, le Pape François a, tout particulièrement évoqué, les personnes âgées ou des patients, très affaiblis en phase terminale d’une maladie. Or, le SA pourrait concerner des personnes, tout à fait conscientes, atteintes de maladies ou de handicaps incurables (cancer évolué, maladie neuro-dégénérative, handicap majeur type tétraplégie….).

Ces personnes malades ou lourdement handicapées, souhaiteraient, en toute conscience et en toute liberté, ne pas avoir à affronter les souffrances à venir qu’ils éviteraient, alors, grâce au SA. Il s’agit donc de provoquer volontairement sa propre mort inéluctable, en renonçant aux perspectives thérapeutiques proposées pour prolonger une vie « condamnée » à plus ou moins longue échéance. Ces questions peuvent concerner tout un chacun, c’est pourquoi elles provoquent, pour beaucoup d’entre nous, des interpellations philosophiques, éthiques et religieuses qu’il convient d’affronter.

Cet acte libre, volontaire, et supposé éclairé, remettrait néanmoins en cause le respect de la vie et le rôle du médecin prescripteur. La question de la place de l'euthanasie ou du suicide assisté dans la législation des différents pays est source de débats. La plupart des pays les interdisent, avec des exceptions notables telles que la Belgique, le Canada, la Colombie, la Suisse, les Pays-Bas, le Luxembourg et certains États aux Etats Unis. Comme beaucoup des évolutions sociétales récentes, cette pratique, aujourd’hui encore illégale en France, mérite d’être débattue dans le cadre de Questions de Médecine aux Bernardins avec un médecin, un législateur et un théologien.

Avec :
Marie-Caroline Arreto
Juriste, professeur extraordinaire à la FASSED à l'Institut Catholique de Paris - Directrice du Master Affaires publiques - Dirige un pôle de recherche sur des questions connexes à la bioéthique - Chercheur associé à l'Institut des sciences juridique et philosophique de La Sorbonne.
François Blot
Médecin dans le service de réanimation de Gustave Roussy jusqu’en 2020 Direction actuelle du comité d’éthique de l’hôpital depuis 2014 - Travaille avec le Centre National Soins Palliatifs et de Fin de Vie
Anne-Solen KERDRAON
Religieuse auxiliatrice (congrégation Ignatienne) - Docteur en théologie morale - Maître de conférences et directrice du département de théologie morale et spirituelle à l'Institut Catholique de Paris