Jeudis Théologie

Le péché, une notion dépassée ?

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Pourquoi la question se pose-t-elle ?

Tenter d’y répondre implique d’abord de décrire et combattre les caricatures de la religion chrétienne : elles opposent artificiellement la pratique religieuse des siècles passés (une pastorale de la peur) à celle du temps présent (une pastorale de la liberté et de la confiance dans laquelle l’idée de péché serait dépassée) et adaptent la figure de Dieu à nos propres exigences (en opposant un Dieu intransigeant à un Dieu « tolérant », comme l’on dit couramment sans songer à interroger le sens véritable de cet adjectif). Le péché y est compris comme transgression d’une règle venue d’en haut et imposée, de l’extérieur, par un pouvoir clérical.
Le rejet de la notion de péché est ainsi une réaction contre cette perception aux prémisses erronées, réaction renforcée par le développement des sciences humaines qui, mettant l’accent sur l’existence de déterminismes ou de l’inconscient, tendent à réduire comme peau de chagrin la part de notre responsabilité individuelle et personnelle dans ce que la société considère encore, à juste titre et a minima comme des fautes. Des injonctions contradictoires se font jour et l’on finit par « culpabiliser » de ne pas parvenir à « se déculpabiliser » d’avoir commis ou de songer à commettre un certain nombre d’actions (les plus égoïstes).
Peut-être est-ce parce que la culpabilité n’est pas le fruit (purement historique et déterminé) de la religion catholique ou d’une sournoise « morale judéo-chrétienne » trop bien assimilée mais, indépendamment de celles-ci, un ressort profond et universel de notre être. Dans ces conditions, qu’est-ce que le péché ? Une « vieille » notion n’est que rarement dépassée. Car c’est une notion qui a traversé, victorieuse, l’épreuve éreintante des siècles. Ne méconnaissons pas trop vite la sagesse de ceux qui nous ont précédés et, nous qui aimons tant nous croire « subversifs », sachons apprécier à sa juste mesure la parole ô combien dérangeante dont l’Église, loin des modes et de leurs feuilles mortes, demeure porteuse. Le péché n’est pas une notion dépassée et en tenir compte est, contre toute attente, véritablement libérateur.

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