C’est le visage qui est au centre de toutes les tribulations du monde, celui de toutes les innocences bafouées et de toutes les victoires sur la mort, diffusant la silencieuse lueur de la grâce. Sans relâche, Antoine Poulain fait sortir de l’obscurité ce visage, celui du Christ, détenteur de Vérité et de lumière. 

L’artiste

Voyant, prophète, chamane relié par des fils invisibles au monde mystique, récepteur malgré lui de visions surhumaines, messager intuitif des « choses cachées » de René Girard, les images qui apparaissent entre les mains d’Antoine Poulain sont des épiphanies qui se répondent, se complètent et nous illuminent. 

Héritier de mille influences, des beautés vues dans sa jeunesse en Afrique, de la lumière de Rembrandt, de l’étrange univers de David Lynch, disciple et héritier d’un immense lignage graphique et pictural, Antoine Poulain est toujours resté humblement étranger aux postures et impostures. 

L’observateur hâtif imaginera peut-être que cette œuvre est celle d’un artiste grave, tourmenté et obsessionnel : il se tromperait complètement. Curieux de tout, bon vivant et badin, Antoine Poulain a cette gaieté que donne le savoir, cette douceur que confère la vraie force, cette sagesse des fous et des passionnés. 

L’œuvre 

Derrière les murs de marchandises qui cloisonnent le labyrinthe de nos vies, derrière les miroirs clinquants de nos profils sociaux, il y a cet abîme qui nous hante. C’est de cette obscurité, nécessairement, que le travail d’Antoine Poulain surgit. Il répand d’abord ce pigment sur une surface comme le silence précède l’introït. 

Puis, de cette noirceur surgissent peu à peu des effusions lumineuses ; des nuées changeantes qui estompent ou précisent un contour : une présence se devine, s’éloigne, revient sur son chevalet. Voici l’homme aux outrages ; son icône s’anime, se déforme, s’apaise. Antoine Poulain arrête cette image, devenue un verset définitif de son testament.

Textes écrits par Emmanuel du Bourg, directeur artistique et photographe 

En partenariat avec le Collectif Cesâmes