Jeudis Théologie

Jésus, juif ou chrétien ?


La judaïté de Jésus

Né d’une mère juive, circoncis le 8ème jour, observant le shabbat, pratiquant les commandements, Jésus de Nazareth est juif à part entière…  Et le christianisme est né dans le judaïsme. Cependant dans le Nouveau Testament, Jésus se présente aussi comme Messie, Fils de Dieu, Sauveur ce qui est irrecevable par Israël. Nous faut-il pas accepter cette tension irréductible qui nous fait affirmer à la fois l’universalité du salut en Jésus-Christ et l'Alliance avec Israël non révoquée par Dieu  et nous permettant d'oeuvrer ensemble juifs et chrétiens dans féconde complémentarité?

 

Transcription 

Bonjour à tous,

Comme vous l'avez entendu, le sujet qui nous réunit aujourd'hui, c'est la question de la judaïté de Jésus. Jésus juif mais Jésus chrétien alors est-ce qu'il est juif puis chrétien ? Est-ce qu'il est juif et chrétien ? Voilà la question que nous allons nous poser aujourd'hui.

Il faut savoir quand même qu'au fond l'accusation de peuple déicide faite par la chrétienté à l'égard du judaïsme, a arraché, on pourrait dire pendant des siècles, Jésus de sa judaïté. Pendant des siècles, on a voulu comme déjudaïser le christianisme ; comme le purifier d'une tare humiliante et ce projet a eu pour conséquence en effet qu'on a enlevé à Jésus toute sa judaïté, on ne parlait pas de cette judaïté de Jésus. Alors il y a eu des précurseurs mais il a fallu attendre en effet le Concile Vatican 2 pour que les choses changent en profondeur. 

Actuellement on est au stade de la recherche, alors quand je vous dis qu'il y avait des précurseurs, je pense à quelqu'un comme un théologien britannique, un exégète britannique qui s'appelle Sanders. Pour lui, Jésus n'est ni le fondateur de l'Église, ni un ennemi du judaïsme. Au fond, sa vocation était de rassembler tout Israël pour la venue de Dieu à la fin des temps.

Donc Jésus, pour Sanders qui a écrit à la moitié du XIXe siècle, Jésus ne cherche aucune rupture avec la tradition juive mais comme un prophète, il a voulu préparer le peuple choisi à rencontrer Dieu. Et donc, les discussions qu'il a avec les scribes sur la loi et l'interprétation qui sont faites, je dirais, correspondent à un débat interne au judaïsme et donc peut-être cet auteur a été le premier à replacer Jésus dans son contexte contemporain donc dans son contexte juif. 

Alors des auteurs juifs eux-mêmes depuis la moitié du XXe siècle, vont commencer à se poser des questions sur justement cette judaïté de Jésus. 

Le premier, c'est un certain Joseph Klausner qui était professeur d'histoire du judaïsme et qui écrit vers les années 1922. Il a publié un livre « Jésus le nazaréen, son temps sa doctrine ». Pour lui donc, Jésus est un pharisien, même s'il se démarque en effet de la majorité d'entre eux par des positions plus personnelles vis-à-vis des commandements et Jésus avait donc, pour cet auteur conscience de sa messianité. 

Un autre auteur, vers 1935, Schalom Ben Chorina écrit un livre qui s'appelle « Jésus mon frère » où il situe Jésus aussi dans le mouvement pharisien ; il le positionne au fond comme troisième autorité, c'est à dire après Hillel et Shammaï. 

Un autre auteur plus connu, David Flusser, professeur à l'université hébraïque de Jérusalem a écrit vers 1970. Pour lui, Jésus est un juif pratiquant observant la loi et ce sont les évangiles qui ont subi une déformation du fait des relectures successives même s'il garde des évangiles l'image de la fidélité de Jésus à la loi.

Et donc Flusser insiste sur le fait qu'au fond à l'époque de Jésus, Jésus n'était pas le seul à critiquer les excès de certains pharisiens ; pour Flusser, ce qui marque Jésus se situe dans la ligne de l'école pharisienne de Hillel, une école plus souple, beaucoup plus souple d'ailleurs que celle de Shammaï et que d'autres écoles pharisiennes ; une école qui prêchait plus l'amour de Dieu que la crainte. Jésus se situe dans cette ligne en la poussant à l'extrême avec par exemple l'amour des ennemis et l'amour du pêcheur.

Donc vous voyez, la plupart de ces auteurs vont situer Jésus dans la tradition pharisienne, le rattachent à des grands noms pharisiens le situent à l'intérieur d'une réflexion juive.

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