Théologie dogmatique et pastorale

Le Notre Père chez les Pères de l’Église (2010/11)


N’est-il pas tristement symptomatique que le mot « patenôtre » évoque spontanément une enfilade de paroles marmonnées machinalement ?

 

N’est-il pas dès lors opportun d’essayer de comprendre et d’habiter chaque mot de l’inestimable prière que Jésus laisse à ses disciples ? Comparé aux prières de l’Orient antique, le Notre Père frappe d’abord par son extraordinaire sobriété. Quelques mots aussi brefs que denses, « l’abrégé de tout l’Évangile » dira Tertullien. Si dans le Credo se trouve ramassé tout ce que nous devons croire, dans le Pater est contenu tout ce qu’il nous est permis d’espérer mais aussi tout ce qu’il est requis que nous fassions pour l’obtenir. Comme sa place dans le sermon sur la montagne (Matthieu 6,9-13) nous permet de l’entrevoir, le Pater est la grande charte de la morale chrétienne.

Cet aspect éthique, constant dans l’enseignement patristique, est-il suffisamment perçu par les chrétiens de notre temps ? Bien plus qu’une prière le Pater est une école, école du désir, école de l’évangile, école de l’existence humaine sous la Loi de l’Esprit qui donne vie en Christ Jésus (Rm 8,2).