Jeudis Théologie
Qu'est-ce qu'une personne humaine ? 12 janvier 2012
La notion même de personne humaine avec sa dignité, telle que nous l’entendons aujourd’hui, n’existait pas dans l’antiquité préchrétienne gréco-latine.
En grec, « prosopon » désignait le visage puis le masque de théâtre ; en latin, « persona » (de personare, résonner, parler au travers) désignait aussi le masque de théâtre. Prosopon comme persona qualifiaient un rôle social, une apparence, nullement un être doué d’une dignité intrinsèque. Autrement dit : la dignité d’une personne était indissociable du rôle que celle-ci jouait dans la société. Elle y trouvait sa source, s’y limitait.
On mesure quel bouleversement put et peut encore constituer l’émergence du concept métaphysique de personne humaine. Enracinée dans l’Être (dignité intrinsèque), elle demeure un mystère, c’est-à-dire un surcroît de sens, ainsi que nous l’enseigne déjà la Genèse. Nous découvrons (et l’Incarnation en est un sûr rappel) que la déchéance d’une personne (physique ou morale) n’en diminue jamais la dignité…
S’intéresser à la personne humaine, c’est quitter le monde des phénomènes, des manifestations extérieures pour revenir à une pensée centrée sur l’être des choses, des existants, dans la relation qu’ils entretiennent avec Dieu. Indépendamment de ses qualités psychiques, indépendamment de la place que lui octroie la société à un moment donné, indépendamment de son apparence, qu’elle soit embryon, génie en pleine possession de ses facultés ou bien vieillard frêle au regard absent, la personne humaine est douée d’une valeur absolue que l’humanisme athée, par son athéisme même, a nié et nie encore, ainsi que le montra notamment et dans des pages lumineuses, le père Henri de Lubac (Le drame de l’humanisme athée).
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