Rencontres et débats

« Un débat a d'abord vocation à faire grandir et non pas à donner raison »


L’écho du verbe résonnera sous les voûtes du Collège des Bernardins le 25 juin prochain. Au programme, la finale du championnat de France de la Fédération Française de Débat et d’Éloquence, qui réunit 32 associations étudiantes.

Après des mois de joutes enflammées, deux associations sont encore en lice pour le titre de champion de France : « La Tribune IESEG Paris » et « Révolte-toi Versailles ». La forme imposée est celle d’un débat parlementaire qui met en scène un gouvernement fictif chargé de débattre d’un sujet d’actualité. Les orateurs découvriront le sujet, élaboré avec le Collège des Bernardins, 72h à l’avance et se verront imposer une position donnée. Charge à eux de la défendre !

Un échange d’humanité

Un passe-temps pour précieuses ridicules ? Pas si l’on en croit le président de la FFDE, Abraham Le Guen, ce qui se joue dans l’art oratoire n’est rien moins qu’un « échange d’humanité » : « il revient à montrer ce que l’on pense et a fortiori ce que l’on est et se prolonge dans le quotidien des personnes qui s’y forment. »

Faire grandir et non pas donner raison

Le but est-il de convaincre, persuader, remporter l’adhésion ? « Même si le débat formaté tel qu’on le propose a vocation à donner un gagnant et un perdant – poursuit le président - un débat a d’abord vocation à nous faire grandir et non pas à nous donner raison. » C’est pourquoi, aussi paradoxalement que ça puisse paraître, il estime que « le but d’un débat, idéalement, ce serait de perdre et d’avoir tort, ce qui manifesterait le fait que l’écoute des arguments de l’interlocuteur a été réelle et authentique. » C’est ce qui distingue d’ailleurs le débat de la polémique qui s’apparente à un « « désir pervers » de voir l’interlocuteur se révolter face à des idées généralement assez manichéennes qui n’ont pas vocation à nous faire grandir ni la personne qui est en face. »

Et si la FFDE a sollicité le Collège des Bernardins c’est justement pour sa vocation historique à être un lieu d’éducation. « Si l’on a tendance à voir généralement le Collège comme un lieu de foi – ce qu’il est– il ne faut pas oublier qu’il est aussi un lieu de formation qui passe, entre autres, par l’organisation de rencontres et de débats ». » Apprendre à se décentrer de ce que l’on pense pour entrer dans une discussion plurielle, voilà ce qui rapproche la FFDE et le Collège des Bernardins qui, chacun à son niveau, tente de réunir les conditions d’un débat authentique. 

Mais le débat public n’est pas la discussion privée, alors quelle place pour le public ? Il s’agit, à l’instar de toute vocation pédagogique, de susciter une écoute active de la part des auditeurs afin, si ce n’est de les convertir à une certaine idée, du moins de « planter une graine, qui au bout de quelques mois et d’une réflexion personnelle de l’auditeur, pourra grandir et initier une évolution des idées. » On renoue ainsi avec la vocation pédagogique du Collège… 

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