# Inquiétude

Ne t'inquiète pas !

inquiétude

 

« Notre vie inquiète n’a pas l’ultime pesanteur pour fin. »

« Ne t’inquiète pas ». « T’inquiète ». Nos expressions sont machinales et elles sont impuissantes. Qui abandonna jamais son inquiétude en entendant : « T’inquiète » ? Cet automatisme, cette impuissance, n’en demeurent pas moins bouleversants : jaillis de l’élan protecteur du cœur, deux mots fugitifs enveloppent un instant l’être aimé. Ils veulent pauvrement, gauchement, donner à l’âme le repos qui lui manque. In-quieta.

N’étions-nous pas pourtant tout entiers in-quiétude, grisés de trajectoires, en « zone de confort » dénuée de borne ? Notre stabilité, était celle du monde liquide… Voilà que, forcés à l’immobile, nous demeurons mouvants : pas de parole plus inquiète que « t’inquiète » — tendue vers l’autre, vaine à le tenir en paix. Forcés à l’immobilité, nous nous découvrons plus que jamais liquides et la réalité de cette eau tout à coup nous angoisse : avec elle nos vies dévalent, esclaves de la même pesanteur, effrayées de la perte.

Un récit toutefois assure que notre vie inquiète n’a pas l’ultime pesanteur pour fin. Que la mer la plus infranchissable, puisqu’elle est celle du temps qui nous aspire, laisse venir un Autre : dans l’événement, dans la fuite même du présent qui nous tisse, il vient. Si nous acquiesçons à cette inquiétude, l’eau s’élève en bruissantes murailles tandis que nous passons. Oui, un seul, brûlant sans se perdre et vers qui nous allons, peut dire en vérité : « Vous, vous n’aurez qu’à rester tranquilles : le Seigneur combattra pour vous » (Ex 14,14).

Père Maxime Deurbergue, prêtre de Paris, doctorant à la Grégorienne

Pour aller plus loin

Qu’est-ce qu’une société liquide ?

Conceptualisé par le philosophe et sociologue Zygmunt Bauman, dont l’œuvre est dominée par l’inquiétude provoquée par la succession des crises qui affectent nos sociétés contemporaines, le monde liquide est tout à la fois marqué par une extrême liberté et une insécurité fondamentale.

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