Revue théologique des Bernardins n°1 – Février 2011

Frédéric Louzeau

La Faculté Notre-Dame de Paris et la Revue Théologique des Bernardins,
Frédéric LOUZEAU
Présentation du discernement du cardinal Jean-Marie Lustiger sur la société, l’Église et la théologie, qui a conduit à la fondation de la Faculté Notre-Dame.

Faire mémoire de la « Passion bienheureuse »,
Éric de MOULINS-BEAUFORT
Proclamer la croix de Jésus comme source de salut est le défi constant des chrétiens. La première prière eucharistique conserve une formule magnifique : « la bienheureuse passion ». Elle indique un chemin difficile pour la pensée mais libérateur aussi : la passion n’est pas un mauvais moment à passer en attendant la béatitude. Sans doute notre époque estelle plus capable que d’autres de le dire, mais elle peut prendre appui sur toute la tradition théologique de l’Église parce que celle-ci vise avec précision dans la Croix l’engagement de la liberté filiale. Elle en a plus besoin aussi car les signes du salut sont à reconnaître dans un monde qui peut se donner l’illusion de se construire tout seul et le désespoir d’être abandonné à lui-même.

L’histoire comme clé de lecture du chapitre 2 de Dei Verbum,
André-Marie PONNOU-DELAFFON
À partir d’un examen du chapitre 2 de Dei Verbum, on peut déceler dans l’histoire un axe architectonique de la constitution. Celui-ci éclaire la configuration de la révélation chrétienne, fonde le sens de l’interprétation et illumine le visage de Celui qui se révèle dans la Parole de Dieu.

La Sagesse de la grâce,
Alexis LEPROUX
Des rois, accusés dans une sorte de jugement dernier (cf. Sg 6, 4), apparaissent finalement comme de petits enfants, invités à écouter le Sage sur le banc de l’école (Sg 6, 25). Comment l’art du discours opère-t-il le passage d’un contexte à l’autre ? L’analyse du chapitre 6 du Livre de la Sagesse et l’interprétation d’une de ses expressions (Sg 6, 10a) tentent d’éclairer cette variation de la parole accusatrice qui devient une parole éducatrice.

Nouvelles tendances de la recherche concernant le Pentateuque,
Olivier ARTUS
De la fin du XIX^e siècle à la fin du XX^esiècle, les recherches concernant la composition du Pentateuque se sont rendues essentiellement attentives à l’histoire de la composition du texte, selon une perspective exclusivement historico-critique. Les publications intervenues depuis le début des années 2000 déplacent le lieu épistémologique de la recherche : d’une part en mettant au jour un processus d’herméneutique intra-biblique qui souligne le statut proto-midrashique du texte canonique de la Torah ; d’autre part, en montrant comment le phénomène de « canonisation » de la Torah va de pair avec l’acquisition d’une nouvelle autorité par ce texte, dans le contexte d’un judaïsme multicentrique.

Mythe et logique,
Olivier REY
La pensée mythique ne constitue pas un stade dépassé du savoir. Elle est pour chaque être humain une ressource essentielle qui lui permet de devenir un être de raison. Le mythe ne s’oppose pas à la logique, mais en est une condition de possibilité ; d’un contact préservé avec lui dépend la pérennité de notre raison. À l’origine est le logos. Mais pour l’homme, au commencement est le mythos, et c’est en vertu de ce commencement que la pensée peut s’acheminer vers son origine.

Révolte et caresse : le débat Sartre-Fessard,
Matthieu VILLEMOT
Selon Fessard, Sartre dans L’Être et le Néant n’aurait pas été capable de présenter l’être-pour-Autrui autrement que comme aliénation, faute de penser le nourrisson et sa première expérience de l’altérité : la caresse maternelle. Dans L’Idiot de la Famille, Sartre assume et dépasse cette objection. Il concède que la caresse maternelle donne à l’enfant une reconnaissance initiale qui lui confère sa valeur, mais il refuse que cette reconnaissance soit comme automatiquement assurée, et pose au sein de la relation mère/enfant la nécessité d’une révolte pour accomplir cette reconnaissance.