Le sens du temps est le sens du terme
« L’étroitesse de l’espace offre la conquête de la profondeur du temps »
À mesure que les jours de confinement se succèdent, notre sensibilité au temps s’accroit. L’espace où s’aventurer s’est soudainement restreint. L’unité du lieu où nous restons, fait vite saisir le caractère répétitif des actes quotidiens. L’amplitude de l’espace accessible hier faisait éprouver la contrainte du temps. Nous voulions gagner du temps pour conquérir l’espace.
Aujourd’hui, l’étroitesse de l’espace offre la conquête de la profondeur du temps. Le compte des jours devient un décompte. L’esprit s’oriente naturellement vers le dernier jour. Déjà l’opinion attend la fin du confinement, son terme. Cette épreuve contient bien une perle cachée et inaugure une autre aventure. Au meilleur du confinement, la contrainte de l’espace aura éveillé en chacun la conscience du terme longtemps ignoré, le sens de la fin.
Il en est ainsi pour ceux qui connaissent la réclusion en prison et attendent le terme de leur peine. Il en est ainsi pour ceux qui ont librement choisi l’aventure monastique de la claustration pour mieux percer le terme de l’existence humaine.
Ainsi de la vie cloitrée des moines qui fondèrent et vécurent au Collège des Bernardins. Ils étaient les aventuriers du temps, l’esprit orienté vers le terme lumineux de cette vie que notre époque peine à considérer. « Des choses secondaires, ils voulaient passer aux réalités essentielles, à ce qui, seul, est vraiment important et sûr » disait Benoît XVI à leur sujet en 2008, dans le discours d’inauguration du Collège. En poursuivant leur quête, le Collège des Bernardins explore avec vous le sens mystérieux de notre marche commune vers son terme bienheureux.
Père Laurent Stalla-Bourdillon, professeur au Collège des Bernardins et directeur du Service pour les Professionnels de l'Information (SPI)